Rester au fond d’un rappel, se faire coincer, nous sommes plusieurs à avoir vécu ceci.
Témoignages !
Jean Pierre Rameau a écrit ce mail à la suite de la mort de Xavier.
Je lis tout vos courriers, mais ne m’exprime pas souvent sur le net car mon adresse est une adresse professionnelle, mais je tiens à exprimer toute ma sympathie à la famille de Xavier et à ses amis.
Je suis MF2 et je pratique la nage en eau vive activement depuis 12 ans, et suis resté au fond de la rivière 2 fois.
La première fois, c’était sur les Dranses avant que le rocher situé entre les 2 grosses roches en amont du sous marin ne soit détruit.
A l’époque, nous étions sur les ex-infrans du haut et 4 fois j’ai franchi ce passage à pied accompagné par les réflexions d’usage de mes camarades de palanquée. La 5 ème fois, je suis passé, sans conviction et je n’ai pas jeté mon flotteur assez tôt sur la droite, Résultat : Drossage immédiat et siphonnage. Par chance, l’eau était claire et comme j’étais allongé sur le dos au fond je voyais la surface; a force de bouger sur le fond, j’ai fini par prendre un courant sur la droite et regagner au crawl la berge. A noter que mon flotteur est ressorti environ 5 minutes plus tard.
Moralité : Quand on ne sent pas un passage, mieux vaut le « shunter » .
La 2eme fois, c’était il y a 2 ans sur la Dora Baltéa, nous descendions entre nageurs très confirmés les gorges d’Avise par gros débit imposant une attention soutenue; pas de stop possible après la sortie de la centrale électrique et enfin l’arrivée de Leverogne est en vue. Et là, moment de relâchement, erreur de 10 centimètres et je suis dans le rappel (Je l’ai vu, j’y étais ! Raphaël) ;
truite impossible due à la force de l’eau : Nageur, gilet, flotteur, tout se retrouve au fond ; je bouchonne longtemps, me fais rouler sur le fond, bois la tasse plusieurs fois et suis rejeté ne sais comment.
Là, je regagne la rive essoufflé, dans un crawl désordonné ; 5 minutes plus tard, je vois passer mon flotteur, accompagné du flotteur de notre responsable technique nationale qui lui aussi s’est fait prendre au piège!
Moralité : Les incidents de ce genre n’arrivent pas qu’aux autres et le moindre moment d’inattention peut être fatal !
Témoignage de Raphaël qui est sorti d’une chute sans flotteur
Ma plus grosse peur sur la rivière ? C’était sur le Taurion en 1998. Nous faisons une dernière descente avec Marco, tout va bien !
Première erreur, on ne part qu’à deux ! A ne jamais faire !
Arrivés au Pas du Loup, où on passe habituellement dans la goulotte à gauche , un défi un peu con : « On passe au milieu ? Y paraît que ça se fait bien ! »
Patrice sur le Pas du Loup
Marco acquiesce. On se met d’accord : je passe en premier, Marco me surveille de la pleureuse en amont du seuil, arrivé en bas, je me mets en sécu et il passe.
Je me lance, je passe et je tasse dans le rappel. Je perds mon flotteur, j’essaye de nager pour sortir du rappel: impossible !
Je vais à gauche, je vais à droite! Ca ne sort pas !
Et là, coup de pot ! Je me rappelle de mes entraînements à Fourges : j’y ai appris à 3 reprises à sortir d’un rappel sans flotteur.
Je me mets face à la chute, je plonge dans la chute pour atteindre la veine noyée et je me laisse tasser. Je m’y reprends à deux fois et la deuxième fois, je ressors derrière le champignon !
Je crawle un coup, j’attrape mon flotteur qui est coincé dans un contre, je fais signe OK à Marco qui commençait à s’inquiéter et à un autre nageur qui commençait à ressortir sa corde.
Conclusion :
– Malgré les affirmations de certains et mon gilet, on peut sortir d’un rappel en prenant la veine noyée !
– Les entraînements au pied d’une chute à Fourges m’ont sauvé la vie !
Passé un certain niveau de rivière, ils sont indispensables, même si cette solution ne marche pas sur tous les types de chutes.
Marco en exercice (fait le bouchon) à Fourges