La Nage en Eau Vive est née en France dans les années 70.
1970. Trois techniciens des ponts et chaussées (Claude PUCH, Pierre SIMON et Maurice TIVERON), voyant la force du courant d’un torrent ont l’idée folle de descendre ce torrent à l’aide de bouée : c’est la première descente de Nage en Eau Vive. On appela ces trois doux-dingues : « les nageurs de l’impossible ».
– 1970 Première descente avec une chambre à air de gros diamètre recouverte d’un sac postal en toile sur un tronçon du Doubs.
– 1977 Création par Pierre SIMON de la première structure associative proposant la NEV à Paris, au sein du Laboratoire Central des Ponts et Chaussées.
– 1978 Naissance de l’Hydrospeed ®, premier flotteur conçu par Claude PUCH pour la descente de rivière, modèle déposé par la société Méritor.
– 1979 Premières descentes avec les prototypes sur la Cure et les Dranses de Savoie.
Première compétition de Nage en Eau Vive sur le Fier organisée par Christian PHILIPPE-JANON (appartenant aux chasseurs alpins).
– 1980 Création de l’AFNEV : Association Française de Nage et de Navigation en Eau Vive afin de développer la pratique de la NEV.
L’Hydrospeed ® gagne la médaille d’Argent au Salon des Inventeurs de Genève.
– 1981 L’Hydrospeed ® reçoit la médaille de bronze au concours Lépine sous le nom de « Bobsleigh des Torrents ».
– 1983 Premier stage de formation sur l’Ubaye.
– 1985 Transformation de l’AFNEV en FFNEV : Fédération Française de la Nage en Eau Vive qui ne fut jamais agrée par le ministère de la Jeunesse et des Sports.
– 1986 Création du premier flotteur en mousse : plus léger, plus maniable.
– 1986 Création des premiers diplômes fédéraux et réglementations sur les normes de sécurité.
Conflits au sein de la FFNEV notamment sur la sécurité et la formation : certains membres rejoignent la FFESSM : Fédération Française d’Études et de Sports Sous Marins.
– 1989 Fusion de la FFNEV avec la FFCK : Fédération Française de Canoë-kayak.
– 2001 La NEV est gérée par les deux fédérations : la FFCK et la FFESSM, même si c’est la FFCK qui détient l’affiliation officielle du Ministère de la Jeunesse et des Sports.
– 2002 Création du Rassemblement International pour la Promotion de l’Hydrospeed (RIPH)
Depuis plusieurs années, la FFCK et la FFESSM sont en pourparlers pour établir des équivalences en terme de diplômes et d’encadrement.
Les compétitions, et notamment les Championnats de France, sont organisées tantôt par l’une des fédérations, tantôt par l’autre.
– 2006 Le mot Hydrospeed devient de plus en plus commun, le brevet qui protégeait la marque en France est dépassé, même la FFESSM emploie ce terme sur son site Web
– 2009 Le FFESSM récupère officiellement la délégation de la Nage en Eau Vive en France au 1er Janvier 2009 pour une période de 4 ans.
Quelques précisions :
Claude PUCH nous a écrit en 2001
Bonjour Raphaël,
La nage en eau vive est née à la fin des années 1950.
C’est grâce à un nageur remarquable: LOUIS LOURMAIS, breton d’origine, qui descendit à la nage avec palmes, le SAINT LAURENT et le FRASER, rivière tumultueuse du CANADA, par des températures hivernales. Cet exploit fit des émules en FRANCE et à l’étranger.
En 1974, responsable du club de plongée sous-marine du L.C.P.C (Laboratoire Central des Ponts et Chaussées de Paris), je pris l’initiative de déplacer nos entraînements de nage avec palmes sur des rivières éloignées de PARIS. Là, les eaux étaient plus vives et moins polluées !
Très vite, ces eaux vives m’amenèrent à perfectionner le matériel.
C’est alors que j’inventai en 1978 un flotteur adapté à l’eau vive que je baptisais par la suite « HYDROSPEED ».
Quelques dates :
– 1978 Création de la société MERITOR et dépôt du brevet français
– 1980 médaille d’argent au salon des inventeurs de GENEVE
– 1981 médaille décernée au concours LEPINE par le Ministère des Sports et Loisirs Français
– 1981 brevet AMERICAIN déposé
Actuellement, grâce à l’HYDROSPEED, et aux améliorations des divers flotteurs et matériels spécifiques, la nage en eau vive est en plein essor.
Pierre Simon a ajouté, quelques jours plus tard :
Je te confirme la première effectuée à la Nage par Louis LOURMAIS mais sans pouvoir te préciser la date. Autre antécédent, Gilles et Louisette MOREL, avec leur enfant (Brice) de 3 ans dans le dos, ont descendu la Drôme du saut de Claps à Crest soit 60 km de classe I à III (selon photos).
Malheureusement, l’article découpé dans « PARENTS » ne comporte pas de date mais je pense que cela a du se faire en 1974 d’après l’article.
A noter que cet article mentionne un premier parcours de Gilles MOREL en 1966 sur le Gard et d’autres par la suite.
D’autres sûrement ont descendu en Eau Vive sans la moindre publicité avant que ne soit créé la première section associative (1975) puis la première Association (1980) ayant pour but de promouvoir ce nouveau sport.
Sur un autre plan, il faut également parler des critériums organisés par l’armée (Bataillon de Chasseurs-Alpins en Haute-Savoie) sur le Fier dès 1974.
Pierre Déry nous a écrit le 21 avril 2007 :
En ce jour d’anniversaire d’un exploit historique du nageur Louis Lourmais, j’aimerais apporter une précision sur son déroulement :
« La bravoure, c’est connaître la peur mais foncer quand même. »
Le 21 avril 1959, le breton Louis Lourmais terminait son exploit de descente du Saint-Laurent après 96 heures de nage sur une distance approximative de 240 km entre Montréal et Québec. Il avait nagé dans des eaux glacées frôlant les zéro degrés et devait également refouler le courant inversé des marées montantes qui dure chaque fois 5 heures, et ce deux fois par jour, à partir de Trois-Rivières jusqu’à Québec. En ce temps de l’année, il reste ça et là sur la surface de l’eau d’énormes glaçons qui parviennent des affluents en état de dégel. Quel nageur!
Quel athlète!
J’avais 15 ans à cette époque et je me souviens de la vague que son exploit surhumain avait fait au Canada. Les photographies de journaux le montrant à son arrivée à Québec avec le visage enflé et les yeux exorbités sont restées à jamais gravées dans ma mémoire. On aurait dit un extra terrestre ou un poisson étrange émergeant des profondeurs de la mer de Neptune. Bien des gens le qualifièrent alors de fou en liberté, mais, sans vouloir faire de jeu de mots, force est de reconnaître qu’il était plutôt le brise-glace qui allait ouvrir la voie au sport qu’on appelle désormais la nage en eau vive (NEV), et qui est si populaire de nos jours.