Photos sportives


La photo et la nage en eau vive : au confluent du sport et de l’art, y a-t-il une place pour une discipline nouvelle ?


Je ne suis pas par conviction chasseur sous-marin et quand j’ai appris, il y a quelques années qu’il existait une discipline proche des championnats du même nom mais dont le but n’est pas d’épingler au bout d’une minute d’agachon la superbe dorade à la curiosité fatale, mais de flashouiller l’animal à coups de Nikonos, je me suis senti proche de cette nouvelle population d’apnéistes. Aller débusquer le mérou au fond de son trou et immobiliser son regard surpris puis confronter sa chasse photographique avec celle d’autres concurrents, voilà une idée qu’elle est bonne !

La nage en eau vive est une discipline sportive photogénique. Or on ne s’invente pas du jour au lendemain nageur ou photographe, encore moins nageur-photographe. Aussi, pour mettre en valeur et développer de telles compétences, j’essaie depuis quelques temps de rassembler quelques idées. Farfelues ou fondées, utopiques ou raisonnables, je les laisse en pâture à votre sens critique.

Imaginons un concours photographique dont le cadre est un torrent de classe 4 et où des concurrents regroupés en équipes de deux (ou trois) nageurs se voient remettre un appareil photographique étanche et à usage unique. Leur épreuve consiste à effectuer au cours de leur descente des clichés sur des thèmes imposés : artistique, action, nature …
Afin de corser l’épreuve, imaginons que cette descente doit être effectuée dans un temps minimum correspondant au temps de descente normal sans arrêt, majoré d’un pourcentage à déterminer.
Chaque départ est donné comme pour une compétition de descente avec un écart suffisant permettant aux concurrents de ne pas normalement se rejoindre : Cet écart peut se calculer en prenant par exemple le sigma de majoration du temps de descente normal + une minute.
Chaque équipe a le droit d’utiliser l’appareil comme il l’entend, depuis la berge ou dans l’eau. Tout le monde peut servir tour à tour de modèle ou de photographe.
A l’arrivée, les appareils sont confiés à un professionnel en charge de développer rapidement les épreuves (des solutions existent).
Les photos développées sont ensuite remises aux équipes qui doivent sélectionner et rendre celles qu’ils proposent au jury (une par thème).

Quel intérêt ?
Dévaler un torrent, c’est bien, enchaîner des passages rapides, c’est grisant mais aller rechercher l’impossible endroit d’où l’on peut prendre le cliché de ses rêves relève parfois du pur exploit sportif. Bien souvent de telles prises de vues sont réalisées par des accompagnateurs lorsque les parcours ne sont pas engagés. Mais dès que ça accélère un peu et que le torrent s’engorge, les témoignages deviennent rares. Dans de telles conditions la photo devient réellement sportive. Qui n’a jamais essayé de se caler dans un minuscule et inconfortable contre pour saisir l’instantané d’un nageur dévalant un passage tonique.

A l’opposé de ces considérations, il est peut-être aussi nécessaire d’éduquer l’oeil, d’apprendre à observer. Nous traversons bien souvent des paysages sous un angle de vue très différent de celui d’un promeneur. Savoir exploiter cette position privilégiée fait aussi partie du challenge.

Reste à évaluer la faisabilité de telles manifestations : il faut analyser l’intérêt mais aussi le coût, les problèmes d’organisation, les critères de jugement.