Cours n°4 – Techniques avancées spécial « Gros volume »

Gégé sur du gros volume (Chili)

Quelle conduite tenir sur une rivière à gros volume, que faut-il savoir ?


Gégé sur du gros volume (Chili)
Gégé sur du gros volume (Chili)

Gros volume ?

Une rivière à gros volume est une rivière à fort débit, avec beaucoup d’eau. On a donc moins de chance de toucher le fond ou taper dans un obstacle.

Ce n’est pas pour cela qu’il faut être moins vigilants.

Qui dit gros volume dit souvent gros rappels.

Qui dit gros volume dit grande vitesse.

Qui dit gros volume dit train de vagues, c’est à dire succession de vagues, avec rappels possibles au milieu du train.

Il faut donc anticiper et exagérer les déplacements.

(En cas de doute sur un terme, consultez Le vocabulaire de la Nage en Eau Vive).

Trois dimensions

Arrivé à un certain niveau de pratique de l’hydrospeed, on réalise que c’est une discipline qui se pratique en 3 dimensions :
– on avance ou on recule
– on tourne, plus ou moins volontairement
– on descend et parfois on monte.

On parle aussi de trois dimensions parce que le couple flotteur-nageur tourne autour de trois axes :
– le flotteur s’incline sur les côtés
– le flotteur tourne à gauche ou à droite
– le flotteur bascule vers l’avant ou vers l’arrière

Les trois phénomènes liés à ces trois axes s’appellent respectivement :
– la gîte (axe horizontal parallèle au corps du nageur)
– la direction (axe vertical)
– l’assiette (axe horizontal qui traverse le flotteur de part en part)

On joue sur la gîte en appuyant sur un coude.

On joue sur la direction par un mouvement latéral des bras.

On joue sur l’assiette en appuyant sur les deux coudes ou en appuyant sur les deux bras.

Ces trois mouvements ne sont forcément dépendants l’un des autres :

on peut tourner à gauche (direction) en gîtant à droite en levant le flotteur.

Il est plus difficile de gîter en basculant son flotteur vers l’avant.

Assiette et décontraction

Très utilisée sur les surfs ou les truites, la gestion de l’assiette est le mouvement qui vient en dernier en descente ; les rivières à gros volume constituent les endroits idéaux pour la pratiquer.

Entraînez-vous à gérer votre assiette sur le passage des vagues.

Pour avoir une bonne assiette, il est indispensable d’être décontracté : les mains doivent tenir le flotteur mais sans qu’elles ne soient crispées autour des poignées ou au flotteur.

Rappelez-vous que vous tenez votre flotteur autant avec vos bras, voire vos coudes si votre flotteur dispose d’une butée, qu’avec vos mains.

Ne pas avoir les mains crispées permet de décontracter les bras et le dos.

Beaucoup de nageurs se plaignent de mal de dos et de bras après leur première descente en gros volume : c’est souvent à cause de la trop grande contraction des mains.

Donc, relâchez-vous, sans lâcher le flotteur.


Respiration

Sur une rivière à gros volume ou sur une rivière à enchaînements, on s’essouffle rapidement. Il est donc important de gérer sa respiration.

On pense à respirer souvent et on profite des passages plus calmes (ou moins bastons) pour récupérer.

C’est également la gestion de la respiration qui va faire qu’on va avaler plus ou moins d’eau.

Quand on approche l’inconnu ou un danger, l’appréhension nous fait souvent rester en apnée, voire même souffler. Ainsi, ayant monté sur une bonne vague, on se retrouve à descendre pour piquer dans une autre bonne vague.

Si on reste en apnée ou si on expire à la vue de la seconde vague lors de la descente, on arrive dans cette vague sans air, on ouvre la bouche pour respirer mais comme on est sous l’eau… on boit !

Le bon réflexe est donc d’inspirer dans la descente pour expirer dans la vague.

Expiration tête hors de l'eau (Québec)
Expiration tête hors de l’eau (Québec)

Une règle simple, au moins dans un premier temps, est de se dire : tant que je peux, je prends de l’air.

Quand on évolue sur l’eau, il est toujours plus facile d’expirer que d’inspirer.


Vague ou rappel ?

Sur des rivières à gros volume, avec une vision de l’amont au ras de l’eau, il n’est pas facile de distinguer un rappel d’une vague ; seules l’expérience et la connaissance de la rivière descendue permettent de déterminer si la « bosse » d’eau située quelques mètres devant nous est une vague où on pourra jouer ou un rappel qui va nous aspirer.

La lecture de la rivière, qui s’appuie sur l’expérience et la vision plus ou moins consciente de petits détails, permet de savoir avec un peu plus de certitude si on va passer sur une vague ou tomber dans un rappel.

Qu'est-ce qu'il y a derrière la vague ? (Chili)
Qu’est-ce qu’il y a derrière la vague ? (Chili)

Mais la lecture, la mémoire, la technique ou la forme physique peuvent être défaillants, et la rivière peut nous jouer des tours : on peut tomber dans un rappel croyant passer tranquillement une vague.

Quelle est le comportement à tenir avant le passage ?
Comment ne pas tomber dans le rappel, si c’est un rappel, sans perdre la veine et sans se « ramasser ».

Visualisez mentalement la bosse à passer ; elle est souvent constituée d’une crête plus ou moins horizontale, et de ces deux côtés.

Découpez cette bosse en trois :
– un côté
– la crête
– l’autre côté.

La vague découpée en trois
La vague découpée en trois

Imaginons qu’il y a un rappel, il est derrière la crête. C’est donc cette partie qu’il faut éviter.

Il faut donc passer sur un des côtés.

Lequel et comment ?

Choisissez le côté qui vous parait le plus sain (notion assez abstraite !). C’est souvent celui qui est le plus aligné avec la veine vive, celui qui a plus de courant, celui qui vous demandera le moins d’effort pour rester au milieu de la rivière, ou celui vers lequel vous êtes entraînés.

Maintenant, pour passer, rappelez-vous que pour maîtriser ses déplacements sur la rivière, il faut de la vitesse.
– Commencez à palmer énergiquement
– Pensez en gérer votre respiration
– Dirigez-vous vers le côté choisi
Ne regardez pas la crête, sous peine de vous dirigez dessus.
– Au moment d’aborder la bosse, dirigez votre flotteur vers l’extérieur de la vague, en appuyant sur le coude intérieur, tout le contraire du virage mobylette.

L’objectif est de profiter du courant qui passe à côté ou qui sort du rappel.

En tournant le dos au rappel, l’eau s’engouffre dans votre flotteur et vous pousse dans le dos vers l’extérieur.

En tournant le flotteur vers l’extérieur, vous tracerez votre trajectoire.

Ne laissez pas trop « traîner » vos palmes pour que vos jambes ne soient pas prises dans le rappel.

Une fois passé, pensez à jeter un coup d’oeil sur le rappel, ça fait toujours plaisir de voir ce qu’on a évité.

Passage d’une vague

Imaginons maintenant que vous êtes sûrs que c’est une vague.

Pour passer cette vague, il y a plusieurs solutions, plus ou moins ludiques, fatigantes ou rapides.

La manière ludique peut consister à la prendre en plein centre en jouant avec l’assiette et à faire un demi-tour en haut de la vague ou bien un esquimautage ou encore un saut de l’ange, en prenant le plus de vitesse possible et en décollant du sommet.

La manière la plus rapide et la moins fatigante consiste à passer sur le côté de la vague (voir ci-dessus) : vous ne perdez pas de temps ni d’énergie à monter/descendre et à gérer votre respiration.

En passant juste à côté de la vague, vous profitez quand même du courant qu’elle libère.


Synthèse

Voici les éléments à retenir quand on navigue sur une rivière à gros volume :
– on ne lâche jamais son flotteur (valable pour toutes les rivières)
– on anticipe
– on pense à respirer
– on passe sur le côté de la bosse
– on tourne le dos à la vague
– on décontracte ses mains